Une nouvelle génération de matériau cimentaire fibré ultra performant, dédié à la conception d’infrastructure en béton a été mise au point par l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne. Par rapport au BFUP actuel, ce matériau ultra performant est 60 à 70 % plus écologique. Les nouveaux ouvrages en béton et ceux déjà construits pourront être renforcés pour optimiser leur durée de vie.

Sur l’ensemble des émissions de CO2 mondiales, 40 % proviennent du domaine de la construction, dont la plus grande partie est liée à la production de béton. Aujourd’hui, les pays connaissant un boom des constructions en béton, comme la Suisse, font face à un défi aussi bien technique qu’environnemental. Ils doivent, en effet, entretenir ces ouvrages afin d’assurer leur sécurité dans le temps.

De ces enjeux, le Laboratoire de maintenance, construction et sécurité des ouvrages en a fait son expertise en 25 ans. Dirigé par le professeur Eugen Brühwiler, à l’EPFL, le laboratoire développe des bétons plus écologiques. Parallèlement, il évalue la sécurité des infrastructures existantes en employant des méthodes de monitoring.

Un chercheur du MCS a réussi à développer ce nouveau matériau cimentaire fibré ultra performant, dans le cadre d’une thèse de doctorat. 10 % plus léger, il conservera les mêmes propriétés mécaniques, mais n’utilisera pas de fibres en acier, contrairement à la formule du BFUP actuel.

Durant près de 4 ans, Amir Hajiesmaeili a recherché le mélange idéal afin d’obtenir une texture homogène et résistante tout en respectant les propriétés scientifiques des différents types d’ingrédients en se basant sur le modèle développé au MCS. Une fibre synthétique de polyéthylène très rigide a servi à remplacer la fibre d’acier et de la poudre de calcaire a servi à remplacer 50 % du ciment servant de liant.

Depuis 15 ans, les ponts ont été renforcés par le BFUP de première génération, suivant une technologie suisse, permettant d’optimiser la longévité des infrastructures en béton, avec un bilan carbone déjà en dessous de celui du béton armé traditionnel.

Selon Eugen Brühwiler, ce nouveau type de matériau permettra d’ajouter de la plus-value aux infrastructures existantes, les rendant quasiment éternelles. Notons que plus de 100 ponts et bâtiments suisses ont déjà été renforcés sous la supervision du Laboratoire de maintenance, construction et sécurité des ouvrages.

Eugen Brühwiler a toutefois souligné que lorsqu’il y a un code de construction, et grâce à des incitations personnelles et financières incitant les acteurs à changer leurs habitudes, le transfert technologique peut être réalisé, à condition que toute la chaîne de construction sur un chantier bénéficie d’une bonne formation. Ce qui est le cas du directeur à l’ouvrier en Suisse.